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avec le crucifix. Elle y est encore, et depuis ce temps-là n’en est pas sortie.

VI - MORT DE CHARLES MARTEL — COURONNEMENT DE PEPIN

Au sortir du moutier do Saint -Pierre, Hervis s’était rendu auprès de Charles qu’il avait trouvé grandement affaibli. Il le regretta comme vous allez voir : « Vous fûtes à la male heure, ô Roi ! » dit-il : « Gaule est perdue si vous lui manquez. Mais au moins, sire, faites couronner votre fils, pendant que vous vivez encore. — Je suivrai votre conseil, » dit Martel, « dès que vous m’aurez ramené dans Paris. »

Le voyage fut pénible. On alla, ce jour, coucher à Sens : le matin venu, les clercs de la ville convoyèrent Martel en priant le Dieu qui fut mis en croix de guérir ses blessures. A Moret fut leur second gîte, et le lendemain ils entrèrent dans la cité de Paris où le reçurent en pleurant la Reine au clair visage et le damoisel Pépin.

On manda pour le Roi les meilleurs mires ; en même temps on convoqua quatre vingt barons, auxquels on présenta le gentil damoisel Pépin. Hervis lui posa sur le chef la grande couronne, en dépit des murmures d’un grand nombre de vassaux, au premier rang desquels était le vieux Hardré de Lens, père de Fromont, et son frère Bernart de Naisil. Mais Hervis montant sur une table et tenant une épée nue : « Qui réclame ici, » dit-il, « contre le fils de Charles ? Par le Dieu crucifié ! s’il en est Un qui ose le toucher, lui ou la Reine, sa gentille mère, il sentira le