Page:Garin Le Loherain.djvu/26

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tranchant de cette lame, et ses honneurs ne passeront pas à ses héritiers. » Tous se turent , et nul n’osa plus résister. Alors appelant le comte Hardré : « Venez avant, franc chevalier, je vous donne à garder la personne et la terre de monseigneur Pépin. Mes terres sont éloignées, j’ai grand intérêt à les visiter ; quand j’aurai ordonné de mes besognes, je reviendrai pour entendre les causes et maintenir les droits. — Grand merci ! » dit Hardré, il sera fait comme vous désirez. »

Les mires ne furent d’aucun secours ; Charles Martel réclama le Père tout-puissant, se rendit confés, partagea dévotement ses meubles, ordonna de rendre les dîmes aux clercs (ce qui combla de joie les moines), fut malade huit jours, et alla le neuvième à sa fin. On l’emporta au moutier Saint-Denis, et on l’enfuit devant l’autel et le crucifix, ainsi que porte la lettre.

Hervis allant trouver la Reine : « Écoutez-moi, dame : le Roi est mort, Dieu lui fasse merci ! C’est à vous à bien vous maintenir, à gouverner prudemment votre terre. Pensez à votre fils. — Que Dieu en prenne le soin, » répond la Reine : « je suis trop dolente pour penser à ce que je dois faire. — Eh ! mon Dieu, » dit Hervis, « le chagrin prolongé n’a jamais servi de rien. Il ne faut pas mettre joie sur joie, ni deuil sur douleur ! » Cela dit, il prit congé du petit roi, s’éloigna de Paris et suivit le chemin qui conduisait à Metz.