Page:Garin Le Loherain.djvu/31

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nous ne pouvons chasser les Sarrasins qu’avec son aide. — Par malheur, » reprit Garin, « c’est un jeune homme qui n’a pas langue en bouche plus que le roi Pépin. — Il est mieux conseillé ; j’ai de mes amis près de lui. »

Le soir même Hervis reprit le chemin de Metz ; et dès qu’il fut arrivé il envoya vers Gerart qui tenait Liège, pour l’avertir de venir le joindre à Trêves, sur le Rhin. Les bons vassaux se mirent eu route ; ils arrivèrent ensemble à Cologne, et descendirent chez Bertrand Gossclin, leur hôte. Après avoir mangé, ils montèrent, lui et Gaudin le frère d’Aélis, au palais d’Anséis, accompagnés de nobles chevaliers. Tous, grands et petits, se levèrent quand il entra : « Soyez bienvenu ! » dit le Roi. — Grands mercis ! » répond le Loherain. Et quand ils furent rassemblés en conseil : « Sire roi, « dit Hervis, « je viens me réclamer de vous, à mon grand besoin. J’étais homme du roi Pépin, je tenais de lui mon fief et ma terre ; il m’a fait vilainement défaut ; les Sarrasins sont devant ma cité de Metz ; accordez-moi le secours qu’il me refuse, et nous les mettrons à néant. — J’en parlerai, » dit Anséis. Et prenant aussitôt à conseil plusieurs de ses barons : « Que me conseillez-vous, seigneurs ? Voilà le Loherain Hervis qui vient me demander aide : ne dois-je pas faire ce qu’il désire ? — Sire, » répondent les barons, « vous ne devez pas l'éconduire ; mais si nous recevons dommage en allant avec lui, quelle récompense en aurons-nous ? » Le Roi revint alors vers Hervis : » Entendez-moi, beau sire duc, nous voulons bien aller avec vous, mais quel fruit nous reviendra-t-il de la chevauchée ? »

Le Duc répondit : « Roi , si vous m’aidez, je prétends désormais tenir de vous Metz et ma terre. De plus, vous y aurez droit à deux mangers par an. — Voulez-vous m’en tenir sûr ? — Volontiers » et soudain, en présence de