Page:Garin Le Loherain.djvu/35

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on sortit du palais, les nouveaux chevaliers montèrent leurs coursiers, prirent les écus et longuement béhourdèrent. Begon, dont l’écu était enluminé d’or fin, fournit sa course avec la sûreté rapide du faucon empenné. Tous disaient, vieux et jeunes, qu’il était le plus beau des hommes et que s’il vivait il serait grandement prudhomme. Après le behourd, ils revinrent à l’hôtel de Begon, le vin fut demandé, puis l’on se sépara pour aller dormir.

L’Empereur fit, le lendemain, sceller ses lettres et mander ses barons. On réunit soixante mille hommes. L’enseigne de saint Denis fut confiée à Garin ; Begon, comme sénéchal, eut la charge de ranger et distribuer les batailles. Ils arrivent devant Soissons et dressent leurs tentes le long des prés où, de tous côtés, les denrées arrivent. De Soissons. ils atteignent Bruières où campait l’armée ennemie. Le Roi fait armer ses hommes, on se prépare à combattre. Vingt mille chevaliers s’élancent sous la conduite de Garin, de Begon, de Fromont et de Guillaume. Le choc est rude, les Flamands ne le peuvent soutenir ; ils lâchent pieds de tous côtés, laissant un grand butin aux vainqueurs. Le premier honneur de la journée fut donné à Begon, qui, au retour, ne voulut pas entrer au partage de l’échec. On avait résolu de passer en Flandres, à la poursuite des vaincus, quand les Flamands vinrent s’humilier devant le Roi. « Ayez de nous merci, gentil Roi, » criaient-ils, « ne portez pas la ruine et le ravage sur nos terres ! » Le Roi ne voulait rien entendre, mais le duc Begon : « Sire, » dit-il, « laissez-vous fléchir. Qui demande humblement merci doit l’obtenir. Dieu, qui doit nous sauver tous, le commande. « Le Roi s’apaisa et consentit à la paix, et tous disaient de Begon : « Si celui-là vit, il comptera parmi les héros. Puisse-t-il avoir un jour grand pouvoir ! »

Alors Garin s’adressa au Roi : « Sire, écoutez ma cla