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HISTOIRE

y est trop rigoureux, que l’on ne pourrait peupler un pays si vaste sans affaiblir le royaume ; et de quelle utilité serait-il si l’on ne le peuplait pas ? L’Asie et le Brésil ont dépeuplé le Portugal ; l’Espagne voit plusieurs de ses provinces presque désertes depuis la conquête de l’Amérique. Charles V, avec tout l’or du Pérou, n’a pu entamer la France, tandis que François I, son rival, a trouvé dans ses coffres de quoi tenir tête à un prince dont l’empire était plus vaste que celui des premiers Césars ? cherchons plutôt à améliorer la France disait le parti de l’abandon.[1]

L’on répondit à ces raisons que le climat du Canada est sain, le sol très fertile et capable de fournir toutes les commodités de la vie ; que c’était la retraite des Maures qui avait épuisé la péninsule espagnole d’hommes ; qu’il ne fallait faire passer qu’un petit nombre de familles et de soldats réformés tous les ans dans la N.-France ; que la pêche de la morue était capable d’enrichir le royaume, et que c’était une excellente école pour former des matelots ; que les forêts les plus belles de l’univers, pourraient alimenter la construction des vaisseaux ; enfin, que le seul motif d’empêcher les Anglais de se

  1. Charlevoix.