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HISTOIRE

dans une attaque subite où le guerrier assommait d’un seul coup son antagoniste endormi ou désarmé.

Le mot seul de guerre excitait chez les jeunes Sauvages une espèce de frémissement plein de délices, fruit d’un profond enthousiasme. Le bruit du combat, la vue d’ennemis palpitans dans le sang, les enivraient de joie ; ils jouissaient d’avance de ce spectacle, le seul qui fût capable d’impressionner leur âme placide. Et comment en pouvait-il être autrement ? C’était la seule de leurs fibres qu’on eût excitée depuis qu’ils étaient capables de sentir. Toute leur âme était là. L’imagination excitée par le récit des exploits de leurs ancêtres, ils brûlaient de se distinguer comme eux.

Les causes de guerre étaient peu nombreuses, mais fréquentes entre les nations sauvages. Le droit de chasser ou de passer dans certaines limites, la défense de leur propre territoire, ou la vengeance d’un compatriote aimé, voilà ce qui donnait naissance ordinairement aux luttes destructives de ces barbares. Mais chaque individu étant parfaitement indépendant, il pouvait à tout moment, soit par amour des combats ou du pillage, soit par haine ou vengeance, compromettre la paix entre deux tribus et les entraîner dans une guerre mor-