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HISTOIRE

Joutel, « il ne nous a pas paru que les Cénis en aient aucune notion certaine ; il est vrai que nous avons trouvé des tribus sur notre route, qui, autant que nous le pouvions juger, croyaient qu’il y avait quelque chose de relevé qui est au-dessus de tout ; ce qu’ils faisaient en levant les mains et les yeux au ciel, dont néanmoins ils ne se mettaient pas en peine ; parcequ’ils croyaient aussi que cet être relevé ne prend aucun soin des choses d’ici bas. Mais d’ailleurs, comme ceux-là, non plus que ceux-ci, n’ont ni temples, ni cérémonies, ni prières, qui marquent un culte divin, on peut dire de tous qu’ils n’ont aucune religion. »[1]

On pouvait déjà anticiper ces témoignages, par l’absence de toutes lois prohibitives ou obligatoires chez ces peuples, qui ne faisaient que ce qui était juste à leurs propres yeux. L’existence d’un culte régulier eût entraîné à sa suite certaines règles de morale qui auraient influé sur la société civile. Mais l’indépendance du Sauvage rejetait les restrictions imposées par une religion, comme il repoussait celles du pouvoir civil : il voulait être lui-même son grand prêtre comme il était son roi, son législateur et son juge.

  1. Les adorateurs du soleil, comme les Natchés, forment exception à cette règle générale.