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DU CANADA.

Chaque tribu, chaque village vivait dans une entière indépendance. Et toutes les tribus présentaient la même uniformité dans leur organisation sociale. Si dans quelques unes le chef était héréditaire, c’était plutôt un privilége nominal que réel, parceque la mesure de son autorité était toujours proportionnée à ses qualités, à son génie. Le chef indien n’avait ni couronne, ni sceptre, ni gardes, et son pouvoir n’était que l’expression populaire. Il n’était en réalité que le premier des hommes libres de la peuplade. Cependant il n’en avait pas moins de fierté. Ne savez-vous pas, disait un d’eux à un missionnaire, que je commande depuis ma jeunesse, que je suis né pour commander, et que sitôt que je parle tout le monde m’écoute.[1]

Dans une société ainsi constituée, la religion devait avoir peu d’influence, ou plutôt son organisation est un indice certain qu’elle n’avait pas de religion régulière ayant ses formes et ses cérémonies. Les premiers Européens qui ont visité les Sauvages s’accordent presque tous à dire qu’ils ne professaient aucun culte. Les Micmacs et leurs voisins n’avaient ni adoration, ni cérémonies religieuses.[2] À l’égard de la connaissance de Dieu, dit

  1. Relation des Jésuites.
  2. Champlain.