Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
239
DU CANADA.

belles ou les plus énergiques. Chaque mot qu’ils disaient allait au but ; ils avaient le secret de la véritable éloquence.

S’il est quelque chose qui distingue les langues américaines, c’est le mode synthétique. L’Indien ne sépare pas les parties constituantes de la proposition qu’il énonce ; il n’analyse jamais ; ses pensées sont exprimées par groupes et font de suite un tableau parfait. L’absence de toute raison réfléchie, de toute analyse logique d’idées, forme le grand trait caractéristique des idiômes sauvages[1]. Toutes les expressions doivent être définies, et les Algonquins ni les Iroquois, ne peuvent dire père, sans ajouter le pronom, mon, notre, votre père, etc,. Ils ont très peu de termes génériques. Chaque chose est désignée par un nom propre ; ils n’ont pas de mots pour indiquer l’espèce, mais l’individu. Ils disent bien un chêne blanc, rouge ; mais ils n’ont pas de terme pour exprimer simplement un chêne. Ils en ont une foule pour exprimer la même action modifiée par le changement d’objet. De là une précision étonnante dans leur langage.

La nature des langues indiennes permet de ne faire qu’un seul mot du nom, du pronom et de l’adjectif, et « ce composé peut ensuite prendre les formes du verbe, et subir tous les

  1. Bancroft.