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DU CANADA.

Loin de suivre les avis prudens que Champlain leur avait si souvent donnés, relativement à la conduite qu’ils devaient tenir avec la confédération iroquoise, ils s’abandonnèrent, dans l’attente de secours imaginaires, à une présomption fatale qui fut cause de leur perte.

Leur ennemi usa d’abord de stratagème, et les divisa pour les détruire plus facilement. Il fit une paix simulée avec le gros de la nation, et, sous divers prétextes, attaqua les bourgades éloignées[1]. L’on ne découvrit la perfidie que lorsque le cri de guerre retentit pour ainsi dire au cœur de la nation. Elle n’était pas préparée à repousser les attaques d’un ennemi implacable, qui marchait précédé de la terreur. Les Hurons perdirent la tête, et toutes leurs mesures se ressentirent du trouble de leur esprit : ils marchaient de faute en faute. Rien n’humilie davantage aujourd’hui, dit Charlevoix, les faibles restes de cette nation, que le souvenir d’un si prodigieux aveuglement.

Cependant, cette guerre entre les Sauvages suffit pour désabuser ceux qui croyaient que la colonie pouvait faire la loi à toutes les nations de l’Amérique depuis l’existence de la nouvelle compagnie ; elle fit voir que ce grand corps, qui en imposait tant de loin, n’était que néant,

  1. Relation des Jésuites, (1640).