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HISTOIRE

mèrent peu de maïs ; mais la chasse fut bientôt épuisée et la pêche ne produisit rien ; de sorte qu’avant la fin de l’automne les vivres commençaient à manquer. Quelle perspective pour un long hiver ! L’on fut bientôt réduit à la dernière extrémité, à toutes les horreurs de la famine. L’on déterrait les morts pour se nourrir de leurs chairs corrompues ; les mères mangeaient leurs propres enfans expirés sur leur sein faute de nourriture. Les liens du sang et de l’amitié furent oubliés ; et pour conserver des jours presqu’éteints le fils se repaissait avec une effrayante énergie du cadavre de l’auteur de ses jours. Les suites ordinaires de ce fléau ne se firent pas attendre. Les maladies contagieuses éclatèrent et emportèrent une partie de ceux que la faim avait épargnés. Les missionnaires, comme toujours, se comportèrent en véritables hommes de Dieu au milieu de ces scènes de désolation. Leur noble et généreuse conduite repose la vue dans ce lugubre tableau.

Dans leur désespoir, plusieurs des malheureux Hurons attribuaient leur situation à ces apôtres dévoués. Les Iroquois nos ennemis mortels, s’écriaient-ils avec douleur, ne croient point en Dieu, ils n’aiment point les prières, leurs méchancetés sont sans bornes, et néanmoins ils prospèrent. Nous, depuis que nous abandon-