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DU CANADA.

nombreuses étaient en général confinées aux villes. Les séminaires de Québec et de Montréal ouvrirent des classes pour les enfans. Les Récollets firent aussi l’école dans leur monastère. Mais les Jésuites étaient ceux qui, par état, devaient se placer à la tête de l’enseignement et lui donner de l’impulsion. Ils furent moins heureux en Canada qu’ailleurs ; leurs classes furent de tout temps peu considérables ; on n’y comptait qu’une cinquantaine d’élèves du temps de l’évêque de St.-Vallier. Aucun d’eux n’a laissé un nom dans les lettres. Contens d’une certaine mesure de connaissances suffisantes pour le courant des emplois, ils n’ont produit en aucun genre de science des hommes profonds : il faut même convenir qu’il y avait peu de secours, peu de livres, et peu d’émulation. Le gouvernement se donnait bien de garde de troubler un état de choses qui rendait les colons moins exigeans, moins ambitieux, et par conséquent plus faciles à conduire, car l’ignorance et l’esclavage existent toujours ensemble. Telle est en peu de mots l’histoire de l’éducation en Canada durant le premier siècle et demi de son existence : c’est la page la plus sombre de nos annales ; et nous en sentons encore les pernicieux effets. La métropole fut punie la première de son oubli coupable et impolitique à cet égard ; si le peuple eût été plus éclairé lorsque la guerre de 1755 éclata, il aurait été