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HISTOIRE

emmenant un grand nombre de familles et quelques Franciscains ; mais après trois mois de la navigation la plus orageuse, le vaisseau qui les portait fût obligé de relâcher à Lisbonne, d’où ayant fait voile pour retourner à la Rochelle, il périt presqu’à la vue du port. L’on ne put sauver qu’une partie des passagers. Talon fut plus heureux l’année suivante ; il débarqua à Québec avec quantité de soldats du régiment de Carignan, qui étaient repassés en France, et qui revenaient pour s’établir dans le pays. (Voir Appendice D.) Les Récollets qui le suivirent furent mis en possession du terrain qu’ils avaient occupé avant leur expulsion. L’édit de leur rétablissement est de l’année 1669.

Jusque là l’on avait été très scrupuleux sur le choix des émigrans destinés pour cette contrée, regardée plutôt comme une mission que comme une colonie. Ce système qui l’avait privée de beaucoup d’habitans, était certainement des plus vicieux ; car l’expérience a démontré que les mœurs des émigrés s’épurent à mesure qu’ils acquièrent de l’aisance, et que la pauvreté et la misère, qui sont les causes déterminantes du relâchement des mœurs dans les classes qui alimentent l’émigration, disparaissant, leurs vices, les quittent également. L’on jugea donc alors à propos de se départir