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DU CANADA.

nonchalance de l’autre, a fait qu’ils ont pu marcher ensemble malgré les brouilles qu’inspirait quelquefois peut-être l’amour-propre blessé, mais que faisaient taire bientôt des idées plus généreuses, la gloire et l’amour de leur patrie. Les regrets des colons accompagnèrent le retour de M. de Courcelles en France.

Cependant le rang, l’influence et la réputation de son successeur leur firent espérer que l’on ne cesserait point de travailler à l’avancement de la colonie avec la même activité, et qu’elle serait toujours l’objet de la même attention de la part du roi. Petit fils d’un chevalier des ordres fort dévoué à la cause de Henri IV dans la guerre de la ligue, le comte (Louis de Buade) de Frontenac avait suivi la carrière de ses ancêtres, et était parvenu au grade de lieutenant-général dans les armées ; il avait l’esprit pénétrant, fertile en ressources et orné par l’étude, mais on lui reproche de l’ambition et de la hauteur ; et l’on remarqua en Canada qu’il était d’autant plus fier pour les grands qu’il était poli et affable pour le peuple, ce qui dut lui faire des ennemis puissans. Extrêmement jaloux du pouvoir, il en usa despotiquement. Il avait appris le métier des armes sous le fameux Maurice, prince d’Orange ; et ayant obtenu le commandement du régiment de Normandie, il avait servi en