Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
483
DU CANADA.

dant à s’entendre avec ses créanciers, auxquels il laissa la liberté du commerce dans les immenses pays qui dépendaient de sa concession du fort de Frontenac, et reçut même d’eux en retour de nouvelles avances pour continuer ses découvertes. Il abandonna le plan trop vaste qu’il avait formé d’établir des forts et des colonies sur divers points de sa route en gagnant la mer. Prévoyant même des embarras, il prit le parti de continuer son voyage dans les esquifs légers et rapides des Indigènes.

Il repartit donc avec Tonti et le P. Mambré, 24 Français et 18 Sauvages aguerris, tant Mahingans ou Loups qu’Abénaquis, les deux peuples les plus braves de l’Amérique, et atteignit le Mississipi le 6 février (1682).

Comme Marquette il s’abandonna au courant du grand fleuve. La douceur du climat et la beauté du pays réveillaient, à mesure qu’il avançait, ses anciennes espérances de fortune et de gloire. Il reconnut les Arkansas et d’autres tribus visitées par Marquette, et il traversa, en approchant de la mer, une foule de nations qui le considéraient avec surprise, entre

    je n’ai jamais remarqué en lui la moindre altération, paraissant toujours dans son sang froid et sa possession ordinaire, et je le vis plus résolu que jamais de continuer son ouvrage et de pousser sa découverte ».