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HISTOIRE

s’était placé, tomba sur un corps d’hommes embusqué dans des rochers ; le choc fut violent, mais l’ennemi céda et l’on entra pêle-mêle avec lui dans la ville. L’élan était tel qu’on s’empara de deux forts d’emblée. Il n’en restait plus qu’un troisième en mauvais état. Le gouverneur, honnête et paisible marchand élu par les pêcheurs de la ville, menacé d’un assaut, se rendit à condition que l’on transporterait les habitans en Angleterre ou à Bonneviste. Les fortifications furent renversées et la ville réduite en cendres. Le partage du butin fut encore un sujet de contestation entre les deux commandans, qui faillit amener une collision.

Après cet exploit, le gouverneur français retourna à Plaisance, et M. d’Iberville continua la guerre avec les Canadiens qui s’étaient attachés à sa fortune, au nombre de cent-vingt-cinq armés chacun d’un fusil, d’une hache de bataille, d’un couteau-poignard et de raquettes pour marcher sur la neige[1]. Il employa une partie de l’hiver pour achever la conquête de l’île. Il triompha de tous les obstacles que lui offrirent le climat, la faim et le courage de l’ennemi ; et ses succès dans une si grande étendue de pays remplie de monta-

  1. La Potherie