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HISTOIRE

prit l’alarme. L’ordre fut promulgué de suspendre le départ de tous les vaisseaux destinés pour le Nouveau-Monde ; et il fut enjoint aux patrons de ceux qui auraient à l’avenir une pareille destination avec des émigrants, d’obtenir au préalable une permission de l’autorité publique. En même temps les capitaines des navires dont le départ avait été suspendu, furent sommés de se présenter devant le conseil d’état avec la liste de leurs passagers. Mais après réflexion, la bonne politique prévalut heureusement dans ce conseil, et les émigrans eurent permission de partir après avoir été informés, que « Sa Majesté n’avait aucune intention de leur imposer la liturgie de l’Église anglicane, et qu’elle croyait que c’était pour jouir de la liberté en matière de religion, qu’ils passaient dans le Nouveau-Monde ».[1]

Cette conduite du roi d’Angleterre et de son conseil, contraste bien étrangement avec celle de Louis XIV, qui ne tolérait d’autre opinion que la sienne, et qui fermait à ses sujets les portes de toutes ses colonies comme pour mon-

  1. Charles I se guida d’après le même principe en accordant une charte à Rhode-Island en 1663. « Notre plaisir royal, dit le monarque, est que personne dans la colonie ne soit à l’avenir molesté, puni, inquiété ni recherché pour différence d’opinion en matières religieuses ».