Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
167
DU CANADA.

la campagne et du côté de la mer. Cependant à mesure que le temps avançait l’on s’y trouvait moins bien ; les grains semés périrent par la sécheresse, ou par les dégâts des bêtes sauvages, et la plupart des artisans qu’on avait emmenés ne sachant pas leurs métiers, les constructions marchaient fort lentement. Les nombreux contretemps qu’on avait déjà éprouvés avaient mécontenté ou découragé plusieurs colons ; des mutineries, suscitées par le turbulent Duhaut l’un d’eux, auraient déjà éclaté sans la prudence de Joutel, l’auteur de la meilleure relation de cette expédition malheureuse, que nous ayons. La maladie enleva encore les hommes les plus utiles. En peu de temps la situation de St.-Louis devint très critique ; les Indigènes prirent une attitude menaçante, et l’on n’apercevait aucun indice du fleuve sur lequel on était venu pour s’établir et que l’on aurait dû dès lors oublier. La Salle dissimulait ses chagrins et ses inquiétudes avec cette fermeté inébranlable que nous lui connaissons déjà, et le premier à l’œuvre, il donnait l’exemple du travail avec un visage calme et serein. Les ressources de son génie semblaient augmenter avec les obstacles ; malheureusement son naturel sévère devenait plus inflexible sous cette apparence de sérénité ; et dans le moment où ses gens s’épuisaient de fatigues, il punissait