Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
DU CANADA.

génie qu’il faut pour manier le sceptre d’un royaume tel que celui de France dans un temps d’orages. Et elle fit la faute de nommer Chamillard, sa créature, pour être premier ministre, homme qui malgré son honnêteté était fort au-dessous de cette vaste tâche[1].

Dès lors les généraux furent mal choisis et durent souvent leur nomination à la faveur ; la discipline militaire tomba dans un relâchement funeste, et les opérations des armées furent dirigées par le roi et Chamillard du fond du cabinet de madame de Maintenon. Tout se ressentit de ce système malheureux ; la France fut ainsi conduite en quelques années du comble de la gloire au bord de l’abîme.

Le traité d’Utrecht qui blessa si profondément l’amour propre des Français, porta le premier coup à leur système colonial. À la fin du ministère de Colbert, leurs possessions en Amérique s’étendaient depuis la baie d’Hudson jusqu’au Mexique, en suivant les vallées du St.-Laurent et du Mississipi, et renfermaient dans leurs limites cinq des plus grands lacs, ou plutôt cinq des plus grandes mers intérieures, et deux des plus grands fleuves du monde.

  1. « Chamillard était dirigé par madame de Maintenon, dit quelqu’un, madame de Maintenon par Babbien, sa vieille servante ».