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DU CANADA.

comme des précurseurs, des pionniers de la civilisation, était-il favorable au même degré aux intérêts de leur pays, à eux-mêmes ? C’est là une question qui détruit bien vite le prestige qui nous faisait illusion, en nous amenant à juger les choses à leur juste valeur. Mais notre objet n’est pas ici d’en poursuivre la solution. Au nom de leur roi, les Canadiens obéissaient sans calculer ni les sacrifices, ni les conséquences, et l’on peut se demander s’il n’est pas arrivé jusqu’à ce jour, que ce zèle ait eu des suites funestes pour eux. Quoiqu’il en soit, nous verrons dans le cours de ce chapitre que c’est aux Canadiens principalement que la France dut la conservation de la Louisiane, comme c’était à eux qu’elle devait celle du Canada depuis un quart de siècle.

En même temps qu’elle fortifiait le Cap-Breton, elle s’occupait de l’établissement de la Louisiane, dont elle réclamait pour territoire du côté du sud et de l’ouest jusqu’à la rivière Del Norte, et de là en suivant les hauteurs qui séparent cette rivière de la rivière Rouge jusqu’aux Montagnes-Rocheuses, au golfe de Californie et à la mer Pacifique[1] ; du côté de l’est toutes les terres dont les eaux tombent dans le Mississipi.

  1. Carte publiée par l’Académie française.