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DU CANADA.

respondance avec la France. « Les morts et les vivans, disait Lepage Dupratz, sont également à ménager pour ceux qui écrivent les histoires modernes, et la vérité que l’on connaît est d’une délicatesse à exprimer qui fait tomber la plume des mains de ceux qui l’aiment ». Quant à l’établissement du pays par l’émigration des classes agricoles de France, le régime féodal y mettait obstacle. Les nobles et le clergé, possesseurs du sol et du gouvernement, n’avaient garde de favoriser l’éloignement des cultivateurs, et d’acheminer les vassaux dont ils tiraient toute leur fortune sur le Nouveau-Monde. Aussi très peu de paysans français ont-ils quitté le champ paternel pour venir en Amérique à aucune époque. En un mot, rien en France au commencement du dernier siècle n’était capable de donner une forte impulsion à la colonisation.

Malgré ces entraves, malgré toutes ces fautes et les malheurs qui en furent la suite, néanmoins l’on fit encore plus qu’on n’aurait pu l’espérer, et les établissemens formés en différens endroits de la Louisiane, assurèrent la possession de cette province à la France. L’hostilité de l’Espagne, les armes des Sauvages et la jalousie des colonies anglaises ne purent lui arracher un pays qu’elle conserva encore longtemps après avoir perdu le Canada.