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DU CANADA.

Cette nouvelle attitude dans les affaires était due à l’énergie de M. Perrier. « Il ne pouvait opposer à la foule d’ennemis qui le menaçaient de toutes parts que quelques palissades à demi-pourries, et qu’un petit nombre de vagabonds mal armés, et sans discipline ; il montra de l’assurance et cette audace lui tint lieu de forces. Les Sauvages ne le crurent pas seulement en état de se défendre, mais encore de les attaquer ».

Ce gouverneur écrivait au ministère le 18 mars 1730 : « Ne jugez pas de mes forces par le parti que j’ai pris d’attaquer nos ennemis ; la nécessité m’y a contraint. Je voyais la consternation partout et la peur augmenter tous les jours. Dans cet état j’ai caché le nombre de nos ennemis et fait croire que la conspiration générale est une chimère, et une invention des Natchés pour nous empêcher d’agir contre eux. Si j’avais été le maître de prendre le parti le plus prudent, je me serais tenu sur la défensive et aurais attendu des forces de France pour qu’on ne pût pas me reprocher d’avoir sacrifié 200 Français de 5 à 600 que je pouvais avoir pour le bas du fleuve. L’événement a fait voir que ce n’est pas toujours le parti le plus prudent qu’il faut prendre. Nous étions dans un cas, où il fallait des remèdes violens, et tâcher au moins de faire peur si nous ne pouvions pas faire de mal ».