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HISTOIRE

rieur de l’Amérique septentrionale. On avait découvert les deux grands fleuves et tous les grands lacs de cette partie du Nouveau-Monde ; on avait remonté à une grande distance les tributaires du Mississipi qui prennent leurs sources dans les Montagnes-Rocheuses ; on ambitionnait la gloire d’atteindre la mer Pacifique. Déjà un Sauvage Yasou, au rapport de Lepage Dupratz, avait fait ce voyage. Une pareille entreprise avait aussi été formée plusieurs fois chez les Français. M. de Beauharnais voulut enfin s’en occuper sérieusement et l’accomplir. Le pire lui semblait fait ; il croyait le reste chose facile ; l’on supposait alors le continent bien moins large au nord qu’il ne l’est en effet ; et que la mer, au lieu de reculer vers l’ouest, se rapprochait de l’est en s’élevant au pole. La figure de l’extrémité méridionale de l’Amérique, qui finit en pointe à la terre de Feu, et la longitude de la partie alors connue de ses côtes occidentales, partie qui ne venait guère en deçà du Mexique, pouvaient faire tomber dans cette erreur.

Quoiqu’il en soit, le gouverneur, sous l’inspiration du ministre, M. de Maurepas, résolut d’envoyer une expédition pour tenter cette découverte, et il choisit M. de la Vérandrye pour en être le chef. Cet homme qui ne possédait ni l’énergie ni la noble ambition de la