Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
535
DU CANADA.

attirèrent les reproches de la cour. Dans sa réponse il en méprisa assez le sujet et il eut assez d’orgueil pour n’en pas parler, tandis qu’il fit un pompeux détail de ses services, et qu’il parut insinuer que l’État lui était encore redevable, malgré les honneurs et les richesses dont il en avait été comblé. Il terminait sa lettre par demander son rappel ; mais intérieurement accablé de chagrin, ses blessures se rouvrirent et il expira à Québec le 17 mai 1752, âgé de 67 ans. Il fut enterré dans l’église des Récollets à côté de MM. de Frontenac et de Vaudreuil, deux de ses prédécesseurs.

Il était né dans la terre de la Jonquière en Languedoc en 1686, d’une famille originaire de la Catalogne. Il avait combattu en Espagne dans la guerre de la succession, avait assisté à la réduction des Cévennes, et à la défense de Toulon assiégé par le duc de Savoie. Il avait aussi accompagné Duguay-Trouin à Rio-Janeiro, et pris part au combat de l’amiral de Court contre l’amiral Matthews en 1744. C’était un homme grand, bien fait, d’un air imposant, et d’un courage intrépide ; mais il était, dit-on, peu instruit et il ternit ses grandes actions par un défaut qu’on pardonne rarement à un homme public, l’avarice. Il avait amassé des sommes immenses dans ses voyages ; il pouvait mépriser le commerce en Canada, et il ne le