Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
DU CANADA.

plusieurs vaisseaux ennemis ; et le projet sur New-York fut forcément ajourné à une autre époque.

Quoique M. de Frontenac trouvât la colonie inondée de sang ; qu’il vît, pour comble de disgrâces, arriver au moment où il lui envoyait des secours M. de Varennes, qui, sur l’ordre du marquis de Denonville, avait évacué le fort de Catarocoui, et fait sauter les fortifications, il n’en jugea pas moins, avec sa sagacité ordinaire, que ce n’était qu’en frappant des coups hardis qu’il pourrait sauver le Canada, relever le courage des habitans, et reconquérir la confiance des alliés que les Français avaient parmi les nations indigènes en rétablissant l’honneur de leurs armes. Il n’eut pas plus tôt pris les rênes du gouvernement qu’une nouvelle vigueur en pénétra toutes les parties, se répandit rapidement parmi les Canadiens et les Sauvages. Tout le monde fut soudainement animé d’une ardeur guerrière. Les Abénaquis levèrent les premiers leur hache terrible.

Ils se mirent en campagne (1689). Ce fut sur Pemaquid qu’ils dirigèrent leurs coups, fort situé entre la rivière Penobscot et celle de Kénébec sur le bord de la mer, et qui les incommodait beaucoup. Ils attaquèrent les habitans voisins, tuant tous ceux qui voulaient résister, et investirent ensuite la place,