Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
HISTOIRE

montée de 20 canons, et qui se rendit après une défense de plusieurs heures. Ils la rasèrent avec toutes les maisons d’alentour, et s’en retournèrent dans des chaloupes qu’ils avaient prises après en avoir égorgé les équipages.

Fiers de ce premier succès, ils entreprirent sur le champ une seconde expédition encore plus importante. Les ennemis avaient élevé une douzaine de petits forts pour protéger les établissemens qu’ils avaient dans leur voisinage ; ils les attaquèrent brusquement, les surprirent, et renouvelèrent les horreurs dont Montréal venait d’être le théâtre. Ils les emportèrent tous les uns après les autres, et deux cents personnes périrent sous le glaive de ces barbares. Après ce sanglant exploit, qui répandit la terreur dans toute la Nouvelle-Angleterre, ils s’en retournèrent chargés de butin. Ces deux expéditions, entreprises coup sur coup, ôtèrent à celle-ci tout espoir de former une alliance avec les Abénaquis, et de les détacher des Français.

L’exécution de la troisième partie du plan d’attaque des Français était laissée à la discrétion et au jugement de M. de Frontenac. On devait croire qu’il ne négligerait rien pour harasser l’ennemi et lui faire tout le mal possible, suivant les règles de la guerre ; car les hommes ont aussi établi des lois pour s’entre-détruire.