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DU CANADA.

prétendus protecteurs, par une conduite pleine de duplicité, cherchent à se mettre à couvert, en mendiant la paix avec toutes sortes de bassesses, et préfèrent signer un traité honteux et souffrir les hauteurs d’un ennemi insolent, que de retourner au combat. En un mot, l’on nous prendrait plutôt pour les protecteurs des Français que pour un peuple qui en est protégé ». Rien n’annonce mieux que ce discours dans quel discrédit M. Denonville avait laissé tomber notre influence chez ces peuples.

Les cantons qui se croyaient au moment de former une grande confédération de toutes les nations indigènes, et de se venger peut-être de toutes les insultes des Européens, entrèrent en fureur lorsqu’ils virent leur projet chéri s’évanouir comme un beau rêve. Ils envoyèrent promettre des secours à la Nouvelle-York, pour venger le sac de Schenectady ; ils se saisirent du chevalier d’Eau en mission chez les Onnontagués et brûlèrent deux personnes de sa suite, ils lâchèrent leurs guerriers sur la colonie ; ils ne respiraient que la vengeance. Mais les partis qu’ils envoyèrent furent repoussés partout. Le pays, qui était depuis longtemps le théâtre d’irruptions sanglantes, s’était insensiblement couvert d’ouvrages palissadés et munis de canons, qui renfermaient ordinairement l’église et le manoir seigneurial