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HISTOIRE

Tel fut le succès des ennemis dans la première partie de leur plan de campagne. Quoiqu’il fût, sous le rapport militaire, plus nominal que réel, puisqu’ils ne purent pas avancer plus loin de ce côté, où des bandes armées les continrent, la nouvelle cependant en causa un grand mécontentement à la cour de France, surtout lorsqu’on y apprit les terribles conséquences que les pertes que l’on venait de faire avaient eues pour les infortunés Acadiens. Le roi écrivit lui-même à M. de Vaudreuil de faire juger rigoureusement, par un conseil de guerre qu’il présiderait en personne, Vergor et de Villeray, ainsi que les garnisons qui servaient sous leurs ordres. Le procès eut lieu l’année suivante au château St.-Louis, et tous les accusés furent acquittés à l’unanimité.[1] L’évacuation de l’Acadie laissa à la merci des Anglais les habitans de cette province, qui portaient le nom de Neutres, et qui n’avaient pu se résoudre à abandonner leur terre natale.

  1. La lettre du roi est du 20 février 1756. Les pièces du procès sont déposées à la bibliothèque de la Société littéraire et historique de Québec. « On eut, dit Montcalm, principalement égard pour le fort de Beauséjour à ce que les Acadiens avaient forcé le commandant à capituler pour sauver leur vie ; ils avaient prêté autrefois serment de fidélité aux Anglais qui les menaçaient de les faire pendre. Quant au fort de Gasparaux, une grande enceinte avec des pieux debout où il n’y avait qu’un officier et 19 soldats, ne pouvait être considérée comme un fort propre à soutenir un siège. » — Lettre au ministre, 1757.