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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/17

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DU CANADA.

Ce qui nous reste à raconter de ce peuple intéressant, rappelle un de ces drames douloureux dont les exemples sont rares même aux époques barbares de l’histoire, alors que les lois de la justice et de l’humanité sont encore à naître avec les lumières de la civilisation.

Sur 15 à 18 mille Acadiens qu’il y avait dans la péninsule au commencement de leur émigration, il n’en restait qu’environ 7,000 des plus riches, dont les mœurs douces ont fourni à Raynal un tableau si touchant et si vrai.

« Peuple simple et bon, dit-il, qui n’aimait pas le sang, l’agriculture était son occupation. On l’avait établi dans des terres basses, en repoussant à force de digues la mer et les rivières dont ces plaines étaient couvertes. Ces marais desséchés donnaient du froment, du seigle, de l’orge, de l’avoine et du maïs. On y voyait encore une grande abondance de pommes de terre dont l’usage était devenu commun.

« D’immenses prairies étaient couvertes de troupeaux nombreux ; on y compta jusqu’à soixante mille bêtes à cornes. La plupart des familles avaient, plusieurs chevaux, quoique le labourage se fit avec des bœufs. Les habitations, presque toutes construites de bois, étaient fort commodes et meublées avec la propreté qu’on trouve quelquefois chez nos laboureurs