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HISTOIRE

difficile, ses magasins étant à Batiscan et aux Trois-Rivières. Il fallait faire venir les vivres par terre, et cette voie ne laissait point que d’offrir des obstacles ; il n’était resté d’abord dans la campagne, comme on se rappelle, que des enfans en bas âge, des femmes et des vieillards auxquels leurs infirmités n’avaient pas permis de porter les armes. C’était cependant avec le secours de bras si faibles que l’on avait fait transporter sur 271 charrettes de Batiscan à l’armée, 18 lieues, 700 quarts de lard et de farine, la subsistance de 12 à 15 jours ; mais l’on fut effrayé des difficultés que ce service entraînait ; beaucoup de charrettes étaient déjà brisées ; les femmes et les enfans qui les conduisaient, rebutés d’un travail si rude, ne laissaient point espérer qu’ils pussent le soutenir long-temps, et les hommes qui étaient revenus de l’armée ne pouvaient abandonner les travaux des champs qui pressaient. On essaya donc de se servir encore de la voie de l’eau, toute hasardeuse qu’elle était, pour faire descendre des vivres, et c’est à la suite de cette résolution qu’avait été expédié le convoi dont l’on vient de parler. Malheureusement des prisonniers communiquèrent la consigne que les bateaux de ce convoi devaient donner en passant aux sentinelles placées sur le rivage. Le général Wolfe s’empressa de profiter de