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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/263

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DU CANADA

garder ; mais nous fûmes bientôt convaincus qu’elle était britannique, quoiqu’il y eût des gens parmi nous qui, ayant leurs motifs pour paraître sages, cherchaient à tempérer notre joie en soutenant obstinément qu’elle était française. Mais le vaisseau ayant salué la place de 21 coups de canon et mis son canot à l’eau, tous les doutes disparurent. L’on ne peut exprimer l’allégresse dont fut transportée la garnison. Officiers et soldats montèrent sur les remparts faisant face aux Français, et poussèrent pendant plus d’une heure des hourras continuels, en élevant leurs chapeaux en l’air. La ville, le camp ennemi, le port et les campagnes voisines, à plusieurs milles de distance, retentirent de nos cris et du roulement de nos batteries ; car le soldat, dans le délire de sa joie, ne se lassa point de tirer pendant un temps considérable ; enfin, il est impossible de se faire une idée de la satisfaction que nous éprouvions, si l’on n’a pas souffert les extrémités d’un siège, et si l’on n’a pas été destinés avec de braves amis et compatriotes à une mort cruelle. » Si la joie était sans borne parmi les assiégés, l’événement qui la causait devait, au contraire, remplir les assiégeans de désappointement et de regrets. Néanmoins comme la frégate anglaise qui venait d’arriver pouvait être un vaisseau isolé, ils ne cessèrent