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HISTOIRE

payée pendant qu’elle avait encore les armes à la main ; et en second lieu, que l’accusation portée contre les fonctionnaires de la colonie avait pour objet principalement de faire retomber sur eux et non sur les ministres, véritables auteurs des désastres, la responsabilité des événemens et la haine de la nation.

Cependant, depuis 1758 surtout, la fortune semblait vouloir accabler la France. Elle n’éprouvait que des revers sur terre et sur mer dans toutes les parties du monde. Le trésor étant vide et des négociations ayant été tentées inutilement avec l’Angleterre, le duc de Choiseul, qui venait d’être nommé ministre de la guerre et exerçait réellement les pouvoirs de premier ministre, entraîna l’Espagne dans la guerre par le traité de 1761, connu sous le nom de pacte de famille ; mais les désastres militaires et les malheurs publics ne cessèrent pas pour cela de s’accroître ; l’Espagne perdit Cuba, Manille, douze vaisseaux de ligne et cent millions de prises ; pour la France il lui restait à peine une colonie, et elle n’avait rien gagné en Europe. Enfin, grâce à la médiation de la Sardaigne, aux dispositions pacifiques de lord Bute qui était parvenu à éloigner M. Pitt d’un cabinet qu’il ne gouvernait plus, et peut-être aussi à la diversion sur le Portugal, allié de l’Angleterre, et que l’Es-