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HISTOIRE

lorsque les Espagnols se présentèrent, en 68, avec leur chef, Don Antonio d’Ulloa, homme sage et modéré, pour prendre possession du pays, ils les forcèrent de se rembarquer, prétendant que l’on n’avait pas droit de le céder sans leur consentement, et que d’ailleurs ils n’avaient aucun titre de leur cour. Louis XV dut alors les faire informer que la cession était irrévocable, et l’année suivante le gouvernement espagnol envoya le général O’Reilly avec 3, 000 hommes pour forcer les colons à se soumettre. Ils voulurent s’opposer à son débarquement, mais les magistrats réussirent à les apaiser, et le procureur-général Lafrenière, descendant canadien, alla le recevoir et l’assurer de la soumission des habitans. O’Reilly, montra d’abord beaucoup de bonté, maintint les anciennes lois et entraîna la multitude par sa générosité. Mais ces apparences de justice n’avaient pour but que de mieux cacher ses desseins ou les instructions de sa cour. Il fallut enfin lever le masque, et il voulut changer les lois qu’il avait paru d’abord respecter, et bouleverser toute l’administration intérieure. Lafrenière et les tribunaux firent des représentations très vives contre ces changemens. O’Reilly profita de cette opposition pour commettre, dit Barbé-Marbois, des « actes de