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DU CANADA

à l’empire, pour le plaisir de créer une harmonie, une uniformité dans ses différentes parties qu’il est, suivant moi, disait-il, impossible d’atteindre, et qui, d’ailleurs, serait inutile si l’on y réussissait ; non pas de la nécessité d’ôter à l’argumentation d’un avocat la faculté d’invoquer les savantes décisions du parlement de Paris, de peur d’entretenir chez les Canadiens le souvenir historique de l’origine de leurs lois ; non pas de la nécessité de satisfaire les espérances impossibles de cette poignée de sujets anglais dépourvus de tout principe, qui peuvent aller accidentellement en Canada et s’attendre à y trouver les différentes lois des différens pays d’où ils viennent ; non pas, enfin, d’aucune de ces espèces de nécessité que j’ai entendu alléguer pour abolir les lois et le gouvernement de cette colonie. La logique pressante et sarcastique de Thurlow aida puissamment la cause des Canadiens.

Le conseil d’état fut en possession de tous ces rapports en 73. Depuis neuf ans l’Angleterre cherchait partout des motifs propres à justifier aux yeux des nations et de la conscience publique l’abolition des lois et peut-être de la religion d’un peuple auquel elle les avait garanties ; et l’on ne hasarde rien de trop en disant que la justice et la générosité de l’éloquent plaidoyer de lord Thurlow auraient