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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/385

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HISTOIRE

rité de la population, mue ainsi par des motifs divers, et aussi par l’estime personnelle qu’elle lui portait, serait opposée aux colonies américaines ; ou du moins désirerait conserver la neutralité dans une querelle de frères, à la pacification de laquelle elle pouvait penser que l’on finirait peut-être par sacrifier les Canadiens, ainsi que nous venons de le voir après les troubles de 1837.

On lui avait donné, du reste, les plus grandes espérances. Plusieurs seigneurs lui avaient promis de marcher contre les rebelles à la tête de leurs censitaires ; mais lorsqu’ils voulurent les assembler pour leur expliquer l’état où se trouvaient les colonies anglaises et ce qu’on attendait d’eux, ils s’aperçurent que le peuple n’avait pas oublié sitôt la conduite qu’on avait tenue à son égard depuis la conquête, qu’il n’était pas prêt, malgré ses motifs de méfiance, à prendre les armes contre ceux qui combattaient pour la liberté de leur pays, et à défendre avec le même zèle et la même ardeur le drapeau britannique que le drapeau des nôtres comme ils désignaient le drapeau français dans leur simple, mais énergique langage. Quelques-uns seulement répondirent à l’appel et se montrèrent disposés à soutenir le nouveau gouvernement ; mais le plus grand nombre déclara nettement qu’il ne se croyait