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DU CANADA

pas obligé d’être de l’opinion des seigneurs, et qu’il ne porterait pas les armes contre les provinciaux. « Nous ne connaissons, dirent-ils, ni la cause, ni le résultat de leur différend : nous nous montrerons loyaux et fidèles sujets par une conduite paisible et par notre soumission au gouvernement sous lequel nous nous trouvons ; mais il est incompatible dans notre état et notre condition de prendre parti dans la lutte actuelle. » Quelques jeunes seigneurs, plus indiscrets qu’éclairés, voulurent les menacer dans quelques endroits ; on leur fit comprendre que cette conduite avait des dangers pour eux, et ils furent obligés de s’enfuir précipitamment.

Cependant les événemens prenaient tous les jours de la gravité ; et loin de songer à aller attaquer les Américains dans leur pays comme il avait intention de le faire avec les troupes et les Canadiens, s’ils avaient montré de la bonne volonté, le gouverneur se vit tout-à-coup menacé d’une invasion par l’une des armées rebelles. Le sang avait déjà coulé dans un conflit à Lexington et à Concord dans le mois d’avril (1775), et les troupes avaient perdu près de 300 hommes. Les populations des provinces couraient partout aux armes, et s’emparaient des forts, des vivres et des arsenaux. Le colonel Ethen Allen, aidé du colonel Ar-