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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/394

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DU CANADA

années de paix avaient fortifié cette confédération : elle reprenait son ascendant sur les autres tribus indigènes ; son exemple pouvait les entraîner et procurer à la Grande-Bretagne d’autres auxiliaires. Mais il fallait de l’adresse et de puissans moyens de séduction pour déterminer les Iroquois à prendre part à une guerre où ils n’avaient aucun intérêt direct, aucun motif de préférence pour l’un ou l’autre parti. Les vieillards regardaient ces débats et les combats sanglans qui devaient s’en suivre, comme une expiation des maux que les Européens leur avaient faits. « Voilà, disaient-ils, la guerre allumée entre les hommes de la même nation : ils se disputent les champs qu’ils nous ont ravis. Pourquoi embrasserions-nous leurs querelles, et quel ami, quel ennemi aurions-nous à choisir ? Quand les hommes rouges se font la guerre, les hommes blancs viennent-ils se joindre à l’un des partis ? Non ; ils laissent nos tribus s’affaiblir, et se détruire l’une par l’autre : ils attendent que la terre, humectée de notre sang, ait perdu son peuple et devienne leur héritage. Laissons-les, à leur tour, épuiser leurs forces et s’anéantir ; nous recouvrerons, quand ils ne seront plus, les forêts, les montagnes et les lacs qui appartinrent à nos ancêtres. »

C’était à-peu-près dans ce sens que M. Ca-