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HISTOIRE

Le feu avait été très vif au Sault-au-Matelot, et l’on croyait y avoir fait de grandes pertes ; mais lorsque l’on vint à les compter elles se trouvèrent heureusement réduites à peu de chose. Celles des Américains furent grandes en prisonniers ; et la mort de Montgomery était irréparable. L’on trouva dans la journée son corps à moitié enseveli dans la neige avec douze autres cadavres, à une petite distance de la barrière par où il voulait pénétrer dans la ville. Les officiers de son armée qui étaient prisonniers, et qui ignoraient ce qu’il était devenu, ayant reconnu son épée entre les mains d’un officier de la garnison, n’eurent plus de doute sur son sort, et se mirent à verser des larmes. Le gouverneur le fit enterrer décemment dans l’intérieur de la ville avec les honneurs militaires, voulant rendre hommage au courage d’un guerrier qui le méritait d’ailleurs par la modération et l’humanité avec lesquelles il s’était conduit depuis qu’il commandait les troupes du congrès.

Après cet échec, les assiégeans, quoique beaucoup affaiblis, osèrent encore continuer le blocus de la ville, dont ils s’éloignèrent de deux ou trois milles. Mais leur position devenait extrêmement difficile. Rongés par les maladies, manquant toujours de vivres, et perdant tous les jours la sympathie des Canadiens,