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HISTOIRE

vous empêchera de contracter une alliance cordiale avec nous. Vous savez que la nature transcendante de la liberté élève ceux qui s’unissent pour sa cause au-dessus de toutes ces faiblesses d’un esprit étroit. Les cantons suisses fournissent une preuve mémorable de cette vérité. Leur confédération est composée d’états catholiques et d’états protestans, vivant ensemble en concorde et en paix, et pouvant par-là, depuis qu’ils ont bravement conquis leur liberté, défier et battre tous les tyrans qui ont envahi leur territoire. »

La contradiction qu’il y avait entre l’adresse au peuple anglais et celle au peuple canadien portait maintenant ses fruits. Lorsqu’on y lut dans une assemblée nombreuse de royalistes la partie de la première adresse qui avait rapport à la réorganisation du pays, et la peinture qu’on y faisait de la religion et des usages des Canadiens, ceux-ci ne purent s’empêcher d’exprimer leur ressentiment par des exclamations pleines de mépris. « Ô le traître et perfide congrès ! s’écrièrent-ils. Bénissons notre bon prince, restons fidèles à un roi dont l’humanité est conséquente et s’étend à toutes les religions ; abhorrons ceux qui veulent nous faire manquer à notre loyauté par des actes déshonorans, et dont les adresses comme les résolutions sont destructives de leur propre objet. »