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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/439

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HISTOIRE

de fusil avec elle, prit son artillerie, ses munitions de guerre et de bouche, ses bagages, plus de 200 malades ou invalides et quantité de fusils que les soldats jetaient pour mieux fuir. Les Américains souffrirent cruellement dans cette retraite ; et beaucoup de soldats auraient péri sans l’humanité des Canadiens, qui leur donnèrent des habits et des alimens. Ils ne s’arrêtèrent qu’à Sorel, où leur général mourut lui-même peu de temps après de l’épidémie régnante. Après les avoir poursuivis quelque temps, le général Carleton rentra dans la ville, d’où il envoya des détachemens pour ramasser leurs trainards, et se saisir des habitans qui s’étaient joints à eux et brûler leurs maisons ; car les Anglais qui respectaient encore alors les propriétés des insurgés dans leurs vieilles colonies, suivaient leur ancienne coutume dans le Canada habité par une race étrangère. En 1776 comme en 1759, comme en 1837 et 38, la torche de l’incendie suit toujours leurs soldats, comme si, dans ce pays, ils avaient plus de confiance en elle que dans leurs armes.

Le congrès avait fait hâter la marche des secours qu’il envoyait au général Thomas, afin de se conserver au moins un pied dans la contrée. À la fin de mai, l’armée révolutionnaire était d’environ 4,000 hommes répandus dans le