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HISTOIRE

lut bien lui demander, malgré la véhémence de l’opposition. « Depuis trois ans, dit Chatham, qu’avons-nous-fait ? Nous avons gagné quelques postes, et surtout nous avons appris à nos adversaires l’art de faire la guerre. Croyez-moi, hâtez-vous, hâtez-vous de redresser les griefs des Américains ; écoutez leurs plaintes, reconnaissez-leur le droit de disposer de leur propre argent. Cette reconnaissance sera un messager de paix : elle ouvrira la voie aux traités ; car si nous continuons la guerre, si nous marchons à la conquête sous le canon de la France, nous marcherons sous une batterie masquée, qui s’ouvrira bientôt pour nous balayer du sol américain. »

Si Chatham haïssait la France, le duc de Choiseul ne haïssait pas moins l’Angleterre. Une seule pensée le dominait depuis 63, c’était de venger la honte du traité de Paris. Quoiqu’il ne fût pas dans le ministère, il le dominait par l’ascendant qu’il avait sur la reine Marie-Antoinette. À force de volonté et d’efforts, il avait donné une marine redoutable à sa patrie, et malgré l’opposition d’une partie des ministres, il finit par entraîner l’indolent Louis xvi dans le parti des insurgés américains. Dès la fin de 75, Lee avait ouvert une correspondance secrète avec un M. Dumas, négo-