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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/450

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DU CANADA

ciant établi à la Haye : il avait vu aussi à Londres l’ambassadeur français, et ensuite un agent envoyé exprès de Paris, Beaumarchais, le fameux auteur du Mariage de Figaro, lequel avait déclaré que son gouvernement était disposé à fournir des armes, des munitions et de l’argent jusqu’à concurrence de £200,000 sterling. On rapporte que M. de Vergennes voulait profiter de cette occasion pour se faire restituer le Cap-Breton, le Canada et la Louisiane ; mais le reste des ministres français ne parut point goûter cette suggestion, ni appréhender comme celui qui la faisait, si vraiment elle a été faite, que les provinces révoltées, après avoir secoué le joug de l’Angleterre, seraient en état de faire la loi à la France et à l’Espagne dans toute l’Amérique, et d’envahir leurs possessions au moment où elles y penseraient le moins.[1] M. de Vergennes, quoiqu’anticipant l’avenir, ne prévoyait pas encore toute la rapidité avec laquelle les événemens marchaient dans le Nouveau-Monde. Au reste, ces premières ouvertures ne furent pas plus tôt connues du congrès américain, que ce corps s’empressa d’envoyer un de ses membres en France, M. Silas Deane, pour entrer en négociation directe avec ce pays ; et après

  1. Mémoire historique et politique sur la Louisiane, par M. de Vergennes, ministre de Louis XVI, etc., 1802.