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HISTOIRE

avoir dans la capacité des officiers européens. On écrivit même au ministre « qu’ils ne marcheraient plus avec la même confiance sous les ordres d’un commandant des troupes de France que sous ceux des officiers de la colonie.»

L’échec des Français releva le courage des provinces anglaises abattu par la sanglante défaite du général Braddock ; mais il n’eut point les conséquences qu’elles en attendaient. Dans le premier moment d’exaltation, l’avantage qui avait été remporté fut singulièrement exagéré. On en fit une victoire éclatante, tandis qu’on n’avait repoussé, dans la réalité, qu’un coup de main suggéré par l’espoir de surprendre des magasins d’approvisionnement déposés au fort Edouard. La chambre des communes vota au colonel Johnson un don de £5000 sterling, et le roi lui conféra le titre de baronnet. Les journaux célébrèrent à l’envi ses talens et son courage ; mais leurs louanges n’ont pas été confirmées par la postérité.

Le public, toujours si exigeant, croyant désormais la route de Montréal ouverte, commença, après quelque temps d’attente, à s’étonner de l’inactivité de cet officier. Chacun pensait qu’il aurait dû au moins s’avancer jusqu’à St.-Frédéric. L’ordre même lui fut transmis de marcher en avant pour complaire à l’opi-