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HISTOIRE DU CANADA

que les Américains laissèrent entre les mains du vainqueur. Les Anglais après avoir reçu tous leurs renforts comptaient 2800 hommes ; les ennemis 5000. La milice du Haut-Canada montra la plus grande bravoure. « Rien, dit un écrivain, ne pouvait être plus terrible ni plus imposant que ce combat de minuit. Les charges désespérées des troupes étaient suivies d’un silence funèbre, interrompu seulement par le gémissement des mourans et le bruit monotone de la cataracte de Niagara ; c’est à peine si l’on pouvait discerner au clair de la lune les lignes des soldats à l’éclat de leurs armes. Ces instans d’anxiété étaient interrompus par le feu de la mousqueterie et la répétition des charges que les troupes britanniques, réguliers et miliciens, recevaient avec une fermeté inébranlable. »

Les généraux américains Brown et Scott ayant été blessés, le commandement échut au général Ripley, qui se retrancha au fort Érié, où Drummond vint ensuite l’attaquer.

Il fit d’abord canonner les retranchemens par son artillerie, et lorsqu’il crut la brèche praticable, il forma ses troupes en trois colonnes pour attaquer le centre et les deux extrémités à la fois. Il les mit en mouvement dans la nuit du 14 août. La colonne commandée pur le colonel Fischer et formée des Watteville, atteignit son point d’attaque deux heures avant le jour, et s’empara des batteries ennemies malgré un échec inattendu qui jeta le corps qui devait la soutenir dans le plus grand désordre. Les deux autres colonnes montèrent à l’assaut en attendant le feu de celle de Fischer, et après une vive résistance réussirent à pénétrer dans le fort qui était au centre des retranchements, par les embrasures du demi bastion. L’ennemi se retira alors dans un bâtiment en pierre d’où il continuait à se défendre avec vigueur contre les canons du bastion retournés contre lui, lorsqu’une explosion soudaine enveloppa dans une ruine commune tous les soldats du fort. Au bruit de cette catastrophe une terreur panique s’empara des trois colonnes assaillantes, qui posèrent les armes ou prirent la fuite poursuivies par les Américains. Près de 1000 Anglais furent tués, blessés ou fait prisonniers, tandis que l’ennemi ne perdit pas 80 hommes.

Après ce désastre, Drummond se retira dans ses lignes, où il resta jusqu’au 17 septembre que les Américains, à la nouvelle de