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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/167

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HISTOIRE DU CANADA.

introduit dans les communes anglaises, loin de les accroître restreignait leurs droits et leurs libertés. Ce langage déconcerta les unionnaires, qui commencèrent après quelque temps d’attente à perdre espérance.

Cependant les pétitions des Canadiens se couvraient de signatures. Bientôt elles en portèrent plus de 60,000 provenant des cultivateurs, des seigneurs, des magistrats, des ecclésiastiques, des officiers de milice, des marchands. Au contraire de celles de leurs adversaires, elles exprimaient dans un langage digne et modéré, qui faisait voir que l’on ne voulait s’appuyer que sur le nombre et sur la justice. Elles n’avaient besoin d’ailleurs que d’exposer la vérité avec le calme et la gravité que demandaient l’importance de leurs motifs, la sainteté de leur cause, pour porter la conviction dans le cœur des juges d’un peuple qu’on voulait proscrire sans l’entendre. Toutes ces adresses furent envoyées à Londres en attendant la réunion de la législature, qui devait parler à son tour au nom de tout le pays. Elles étaient portées par M. Papineau et M. Neilson, deux de ses membres les plus distingués et les plus populaires, qui furent chargés aussi de celles du Haut-Canada. Sans attendre le résultat des mesures du ministère, le gouverneur convoqua le parlement pour le commencement de janvier (1823,) et en l’absence de M. Papineau M. Vallières de St.-Réal fut porté à la présidence de l’assemblée, qui s’occupa aussitôt de l’union, contre laquelle elle passa les résolutions les plus énergiques.

M. Ogden, le chef et l’orateur de l’opposition, proposa un amendement en faveur de l’union. « Les Canadiens, disait-il, ne peuvent avoir aucun sentiment hostile contre des sujets d’un même souverain, par conséquent aucune répugnance à adopter la langue, les habitudes et le caractère de cette grande famille, et à former dans l’intérêt commun une seule province des deux. L’union de l’Angleterre avec l’Écosse avait eu un résultat fort heureux ; les intérêts des habitans des deux Canadas devaient être les mêmes. Il fallait détruire les préjugés mal fondés pour assurer la bonne harmonie. Il n’était pas nécessaire d’expliquer ce qui avait causé l’alarme produite par la mesure amenée devant la chambre des communes ; elle était connue du gouvernement. C’était la jalousie, c’était le manque de confiance dans l’honneur