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HISTOIRE DU CANADA.

Murray quelques jours après, ce ministre leur dit qu’il regrettait de voir que lord Dalhousie eût perdu la confiance du Canada, colonie si importante pour l’Angleterre ; mais qu’il pouvait les assurer que l’on allait prendre des mesures pour faire cesser les difficultés qui troublaient le pays depuis si longtemps. Pour rendre le rétablissement de la paix plus facile, lord Dalhousie fut rappelé et nommé au commandement des Indes en remplacement de lord Combermere. Sa retraite était d’autant plus nécessaire que sa popularité était complètement perdue. Il n’aurait pu la reconquérir sans suivre une politique diamétralement opposée à celle qu’il avait tenue jusque-là, ce qui aurait rendu son administration méprisable. Ses rares partisans lui présentèrent une adresse louangeuse, et il partit chargé de l’imprécation des masses, imprécation due moins à son caractère qu’au vice du système qu’il avait trouvé établi et qu’il avait suivi avec plus de zèle que de sagesse et de justice.

Sir James Kempt, lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, vint le remplacer. C’était un homme plus réservé et plus adroit, qui dès son début voulut marcher sans faire alliance avec aucun parti et qui, comme tous les nouveaux gouverneurs, prit le timon de l’état entouré de l’espérance que donne toute nouvelle administration. Ainsi se termina la nouvelle phase, la nouvelle secousse qui venait d’exposer pour la seconde fois le vaisseau mal conduit de l’état. Tandis que l’agitation et la discorde divisaient encore les chefs, qui débattaient sur les moyens de le gouverner pour l’avantage du plus grand nombre, il suivait toujours sa route sur les flots du temps et s’élevait dans l’échelle des peuples.

Le parlement impérial en laissant en suspend le rapport du comité, abandonna, comme on l’a dit, la réparation des abus au bureau colonial lui-même, c’est-à-dire que rien n’était réglé et que les dissensions allaient bientôt reprendre leur cours. En effet, malgré les censures du comité, il y a lieu de croire que le ministère serait sorti victorieux de la lutte si on eût été aux voix et qu’il aurait eu pour lui une grande majorité. C’est ce résultat presque certain qui empêcha les amis des Canadiens d’insister davantage. Ils préférèrent sagement de s’en tenir aux promesses des ministres quelques vagues qu’elles fussent que de s’exposer à tout