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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/265

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HISTOIRE DU CANADA

Malgré les troubles qui arrivèrent cette appréciation était parfaitement juste. Le premier vœu des Canadiens était de conserver leurs usages et leur nationalité ; ils ne pouvaient désirer l’annexion aux États-Unis parce que ç’aurait été sacrifier ces deux choses qui leur sont si chères ; et c’est la conviction que l’Angleterre travaillait à les leur faire perdre qui entraîna la plupart de ceux qui prirent part ensuite à l’insurrection. Lord Gosford sentait si bien cela qu’il recommanda d’ajouter sept Canadiens au conseil législatif et neuf au conseil exécutif.

Les chambres furent convoquées pour le 18 août. Lorsqu’elles s’assemblèrent, il leur dit qu’il voulait fournir une nouvelle occasion aux représentans du peuple de reconsidérer la marche qu’ils suivaient depuis quatre ans touchant les subsides, et de faire eux-mêmes les appropriations que la métropole ferait sans doute sans eux s’ils s’obstinaient dans leurs premières résolutions. Cette nouvelle tentative ne put ébranler la majorité des membres, qui vota une adresse dans laquelle elle protestait contre les recommandations contenues dans le rapport des commissaires.

Cette adresse fut présentée au gouverneur le 26 août, et le parlement prorogé aussitôt après par une proclamation dont M. Papineau trouva une copie sur son siége à son retour dans la salle des séances. Ce résultat avait achevé de convaincre lord Gosford que le parti de ce chef voulait la république, et qu’il se servait de l’animosité créée chez les Canadiens par les attaques violentes et injustifiables de la minorité pour maintenir son influence.[1]

La brusque clôture des travaux législatifs n’était pas de nature à calmer les esprits. Dans le district de Montréal surtout le peuple était en plusieurs endroits entraîné par les agitateurs. Les assemblées, les discours se succédaient sans cesse dans les villes et dans les campagnes. Le gouvernement se mit à sévir contre ceux qui prenaient part à ces procédés, et destitua en grand nombre, les magistrats et les officiers de milice. M. Papineau qui avait répondu avec hauteur au secrétaire du gouverneur qui lui demandait s’il avait pris part à l’assemblée de St.-Laurent, était du nombre. Mais cela ne faisait guère que fournir des armes aux partisans du mouvement. Les jeunes gens surtout étaient emportés. Les asso-

  1. Dépêche de lord Gosford à lord Glenelg du 2 septembre 1837.