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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/270

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HISTOIRE DU CANADA

de 1795, que la souveraineté réside, non dans une partie, ni même dans la majorité du peuple, mais dans l’universalité des citoyens… Or qui oserait dire que, dans ce pays, la totalité des citoyens veut la destruction de son gouvernement… »

Ce mandement eut un grand retentissement. Dans le même temps, le Canadien renouvelait ses instantes représentations sur l’absolue nécessité de se prononcer hautement contre le parti du mouvement et de la résistance, au nom de notre honneur national et de nos libertés menacées ; et le clergé catholique de Montréal se mettait en rapport avec celui de Québec pour solliciter l’appui de l’exécutif dans une requête aux autorités impériales, qui aurait pour but d’obtenir le plutôt possible en faveur du peuple canadien tout ce qu’il pouvait attendre de réforme, afin d’apaiser les troubles et l’agitation. L’exécutif prenait aussi des mesures pour faire cesser cette agitation et faire respecter la loi partout. Pour donner main forte aux troupes, il arma une partie de la population anglaise de Montréal. Il organisa des corps de cavalerie, d’artillerie et d’infanterie. Il fit la même chose à Québec en excluant soigneusement, comme à Montréal, les Canadiens quelque fussent leurs principes et malgré les offices de service d’un grand nombre de leurs notables. Il arma presque toute la population irlandaise, dont une grande partie faisait cause commune peu de temps auparavant avec les libéraux les plus exaltés, mobilité qui peut expliquer une partie des maux de l’Irlande. Six cents volontaires furent armés en quelques jours. Il manda enfin des troupes du Nouveau-Brunswick.

Cependant l’excitation était trop grande dans plusieurs localités pour s’apaiser tout à coup, et se terminer sans effusion de sang si les deux partis venaient en présence. Déjà il y avait eu des troubles sérieux à Montréal. Le 7 novembre, les Fils de la liberté et les constitutionnels, ou les membres du Doric Club comme se nommèrent les Anglais, en vinrent aux mains avec des succès divers. La maison de M. Papineau et celle du Dr. Robertson, entre autres, furent attaquées et les presses du Vindicator saccagées. Les troupes furent appelées sous les armes et paradèrent dans les rues avec de l’artillerie.

Un grand nombre de mandats d’arrestation furent lancés contre les chefs canadiens dans les différentes localités, dont vingt-six