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HISTOIRE DU CANADA.

Serait-ce par ambition ? Que pouvez-vous me donner ? Serait-ce pour acquérir de la puissance ? Hélas mes bons amis, avec une vie qui décline rapidement vers la tombe, accablé de maladies contractées au service de mon pays, je ne désire que de passer ce qu’il plaira à Dieu de m’en laisser, dans les douceurs de la retraite avec mes amis. Je ne reste parmi vous qu’en obéissance à des ordres supérieurs.

Sir James Craig terminait sa proclamation par les exhorter à être en garde contre les artifices des traîtres qui cherchaient à aliéner leur fidélité et à les porter à des actes de trahison, par requérir les curés de se servir de leur influence pour prévenir leurs menées, et les magistrats et les officiers de milice d’user de toute la diligence nécessaire pour en découvrir les auteurs et les faire punir.

Le gouverneur en parlant, comme il faisait, d’oppression, d’emprisonnement arbitraire, de violation des droits de propriété, s’il ne le faisait pas par ironie, oubliait l’histoire et ce qu’il venait de commettre lui-même.

Cette longue proclamation, sur son désir, fut lue au prône de la cathédrale de Québec, et dans plusieurs autres églises du pays. L’évêque adressa en même temps de la chaire une allocution aux fidèles, dans laquelle tout en protestant de la loyauté des Canadiens, il rappelait l’obligation qui leur était imposée d’être soumis aux lois et à l’autorité constituée.

À l’ouverture de la cour criminelle, le juge Sewell l’un des instigateurs de ce système d’intimidation, lut la proclamation et fit un discours politique sur l’agitation qui régnait et sur la tendance pernicieuse des principes mis au jour par ses auteurs. Le grand jury, choisi par le gouvernement et formé en majorité de ses partisans, blâma le journal abattu, qui avait mis la paix et la sûreté du pays en danger, disait-il, et déclara qu’il avait vu aussi avec regret certaines productions du Mercury, propres à faire naître de la jalousie et de la méfiance dans l’esprit des Canadiens, subterfuge adopté pour couvrir d’un semblant d’impartialité les affections de son cœur. Enfin toutes les mesures avaient été prises pour faire un grand effet. Des messagers avaient été envoyés partout pour répandre la proclamation parmi les habitans étonnés, qui apprirent pour la première fois qu’une conspira-