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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/81

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HISTOIRE DU CANADA

qu’aucun membre des deux chambres ne pourrait être arrêté, amendemens qui font voir assez dans quel discrédit étaient tombés les conseillers puisqu’elle préférait s’exposer à la tyrannie d’un seul homme étranger au pays.

Le conseil législatif refusa d’admettre l’amendement, qui comportait trop directement la censure de la conduite de ses principaux membres, et malgré une conférence entre les deux chambres pour s’entendre, la loi tomba à la satisfaction de tout le monde. La preuve la plus convaincante qu’elle n’avait été qu’un moyen d’oppression, c’est qu’on l’effaçait du livre des statuts à l’entrée de la guerre, c’est-à-dire au moment du plus grand danger.

La chambre vota ensuite l’argent nécessaire, et passa une loi pour organiser la défense de la province en levant des soldats et en organisant et armant la milice. Elle adopta en même temps une résolution pour repousser les atteintes faites à sa loyauté par le dernier gouverneur. Elle déclara qu’il était dû au bon caractère des Canadiens d’adopter quelque mesure pour informer le roi des événemens qui avaient eu lieu sous l’administration de sir James Craig, et des causes qui les avaient amenés, afin qu’il pût prendre les précautions nécessaires pour empêcher à l’avenir le retour de pareils abus.

Elle résolut encore, sur la proposition de M. Lee, de faire une investigation sur l’état de la province et sur les événemens qui avaient signalé la dernière administration. Cette proposition fut secondée par M. L. J. Papineau, qui montrait déjà les talens oratoires de son père ; elle passa presque à l’unanimité, deux membres seulement votant contre. MM. Lee, Papineau père et fils, Bedard et Viger furent nommés pour former la commission d’enquête, auxquels on ajouta trois autres membres avec ordre de tenir leurs procédés secrets ; mais ils ne firent jamais rapport.

Partout maintenant les villes et les campagnes retentissaient du bruit des armes ; les milices s’exerçaient sous la direction de leurs officiers ; la population française était déjà animée de cette ardeur belliqueuse qui forme un des traits caractéristiques de la race.

Le grand vicaire de l’évêque catholique, M. Roux, adressa un mandement au peuple, dans lequel il semblait n’avoir pu